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Stéphanie Fontugne

Les Smart Cities, beaucoup de bruit ... pour rien?


Les Smart Cities ou villes intelligentes sont à la mode, et à peu près tout le monde en parle.

Des initiatives foisonnent dans toute la Suisse et pas un jour sans qu’un Smart City Day éclipse un évènement Smart Suisse ou Smart City Lab. Sans parler du Smart City Hub ou du Smart Living Lab. Il y a de quoi se perdre !

A chaque ville, ses initiatives en termes de Smart City : Pully, Porrentruy, Zurich et Genève redoublent d'efforts avec leurs initiatives sur le transport, la Blockchain, les capteurs de pollution et autres. Ces initiatives sont bien entendu positives car elles vont dans le bon sens et nul doute que nous devons trouver en Suisse, notre voie pour avancer dans ce domaine.

La taille de nos villes et de nos cantons ainsi que notre organisation décentralisée pourraient être un atout à première vue, car elles permettent de tester des concepts et de voir les résultats localement.

Mais à la fin pour avancer, ne manque-t-on pas d’une vision globale et à long terme de ce que nous souhaitons faire et surtout de nos priorités. En gros,

Alors, quelles sont les priorités pour atteindre la ville intelligente? Mobilité, énergie, habitat, infrastructure ?

Je sais qu’il est plus simple de poser des questions que d’y répondre en particulier dans ce domaine car la ville est un ensemble d’interactions sociales, économiques, environnementales. Et je sais aussi, qu’agir dans un domaine particulier aura des conséquences sur les autres.

C’est précisément la raison pour laquelle, il est important de coordonner et prioriserles différentes actionset surtout d’avoir une idée des résultats que l’on cherche.

Cherche - t-on d’abord à organiser la mobilité ou plutôt à optimiser la gestion des bâtiments. Et pourquoi pas commencer par les infrastructures, capteurs et autres 5g. Autant de questions qui restent aujourd’hui sans réponse au niveau de la Suisse. Dommage, car sans plan ou priorités partagés, il est compliqué d’aboutir quelque part !

Au delà du QUOI, la question du COMMENT est essentielle.

Autrement dit de quelle façon avançons-nous et avec quels acteurs ?

Et là, la question stratégique des données doit être adressée car elle est un des enjeux de la ville intelligente. En effet, qui dit ville intelligente dit gestion des datas en vue de créer des nouveaux services intelligents pour le citoyen.

De nouveau, le problème n’est pas simple et nécessite de mettre en place une gouvernance globale et à long terme et aussi de déterminer les acteurs qui participeront à la récolte, au traitement et enfin à la mise à disposition des services.

Des standards devront nécessairement être définis afin de rendre les données opérables par les différents acteurs car récolter des données sans pouvoir les traiter en temps réel est sans intérêt pour la ville intelligente.

Nous voyons que faire converger des masses d’informations récoltées en temps réel dans une base de données pour l’exploiter en vue de créer des services intelligents est un défi qui va au-delà des frontières des villes, des communes et aussi des cantons.

Différents acteurs d’horizons et avec des objectifs distincts seront amenés à travailler ensemble et à fournir des informations.

Une autorité « supérieure » doit donc à un moment ou à un autre, définir les priorités, les standards de récolte des données, les règles de leur exploitation et de leur mise à disposition ou commercialisation. Sans compter la question du financement de ces plateformes qui doit aussi être adressé puis traité.

Prenons en exemple, la mobilité et des fameux MAAS ou Mobility As A Service dont tout le monde parle.

Grâce à de tels services, un utilisateur pourra se renseigner sur un trajet et obtenir différentes alternatives pour aller d’un point A à un point B.

Les propositions qui lui seront soumises inclueront notamment les temps de déplacements, le prix, les différents moyens pour s’y rendre et aussi les taux de remplissage des trains/bus. Train, bus, vélo, scooter, taxi, car-sharing, et autres moyens de transports feront partie de l’offre proposée.

Pour arriver à cela, une plateforme consolidée et multimodale d’information et de vente devra nécessairement être créée.

Entreprises de transport, fournisseur de service de transports, opérateurs divers récoltant des données sur les déplacements devront transmettre des données statiques et dynamiques.

Sans oublier les gestionnaires d’infrastructures qui devront communiquer les données liées à la localisation de balises numériques. Et aussi, les fournisseurs de service de partage de véhicules devront aussi fournir les datas : localisation, stations et véhicules disponibles (Uber, Sharoo, Mobility et les autres ).

La Maas n’est pas une chimère car ce service existe mais pas encore en Suisse.

On le voit donc sur l’exemple de la mobilité, pour atteindre les résultats visés, de nombreux partenaires d'horizons divers inter-agiront. Or ce qui est vrai pour la mobilité, l’est aussi pour les autres dimensions de la ville intelligente : habitation, énergie, infrastructure….

Aujourd’hui, en Suisse des pistes de réflexions existent (par exemple Open Government Data (OGD)) mais nous sommes encore très loin des réflexions qu’il conviendrait de mener pour aboutir à un plan concret dans ce domaine.

Et les réflexions se font en silo sans tenir compte de la transversalité des actions entreprises.

De nombreux métropoles et pays ont travaillé sur ce sujet et peuvent servir de base de réflexions.

La Suisse a de nombreux atouts et pourrait devenir une Smart Country, mais il manque une gouvernance globale et des priorités claires pour que les actions entreprises au niveau local contribuent à créer de nouveaux services intelligents susceptibles d’améliorer notre qualité de vie.

C'est un projet à part entière dont la gouvernance et les étapes doivent être organisées au niveau de la Suisse et non pas localement.

Alors qu'attendons nous pour avancer ?

Stéphanie Fontugne

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